Dormir - Jocelyne
Posté : ven. 9 avr. 2021 16:19
Texte écrit par Jocelyne :
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Le papier peint décollé des murs pendait tristement près des tas de pierres accumulées. Nous pouvions encore reconnaître l’aile de la fière cigogne et ses délicates pattes. Elle devait avoir fière allure lorsqu’elle rassurait encore l’habitant de cette minuscule chambre. Heureusement, plus personne n’habitait là depuis longtemps. On leur avait demandé de déguerpir à toute allure et finalement, cela leur avait assuré leur survie. Tout un pan de ce quartier s’affaissa un matin, comme une bulle qui éclate, au milieu d’une ville endormie.
Tout le monde se mit à retenir son souffle : qui serait accusé ? Les politiques ? Les propriétaires peu scrupuleux ? La malchance ? Les constructeurs fantasques ? Les marchands de sommeil ?
Mais paradoxalement en continuant à marcher, c’est cette image du marchand de sommeil qui persistait. Cet étal de sommeils que l’on pourrait choisir à sa guise : celui qui te fait planer haut, loin, dans une buée sonore évanescente ou un bon gros sommeil lourd, pâteux, près du sol, imprégné de fragrances tout aussi encombrantes que généreuses.
Sur l’étal , un sommeil qui décolle, recolle, qui ne s’encombre pas d’épisodes , de suites. Un sommeil qui malaxe, brouille tout, offre du nouveau, repart, revient.
Mais puisque le sommeil occupe déjà un tiers de notre vie, cela signifie qu’à soixante ans un individu a déjà vécu endormi 20 ans !
Non pas à paresser comme le suggérait Lafargue, le neveu de Marx, mais bien à dormir, à rien faire pour la société !
Il fallait tout de même se hâter un peu. C’est aujourd’hui que la proposition de loi allait être discutée à l’assemblée autour d’une claire question. Puisque qu’un individu social allait passer 20 années de sa vie à dormir et à encombrer des espaces sociaux importants, il ne restait que deux choix possibles. Le vote porterait sur cela.
Soit il suffisait de laisser dormir la personne d’un coup pendant 20 ans, tous les individus dans des nurseries géantes et ensuite les réveiller pour qu’ils assument non-stop leur vie sociale sans pause et sans enfance vécue.
Soit on les laisseraient vivre 10 ans puis l’étape d’un premier sommeil de 10 ans succéderait à cette première enfance supprimant ainsi les inconvénients de l’adolescence . Ensuite pendant 50 ans non stop l’individu social assurerait sa vie pour redormir ensuite pendant 10 ans de sommeil ininterrompu avant, parfois, un bref réveil avant la fin de vie.
Ce vote difficile sur les 20 ans de sommeil fractionné ou non, allait probablement provoquer des débats houleux et beaucoup auront certainement besoin de prendre l’air parfois mais tout le monde semblait d’accord sur ce point : 20 ans à dormir mais à quoi cela sert-il ???? L’heure est grave. Il fallait vraiment prendre une décision.
Tout le monde se mit à retenir son souffle : qui serait accusé ? Les politiques ? Les propriétaires peu scrupuleux ? La malchance ? Les constructeurs fantasques ? Les marchands de sommeil ?
Mais paradoxalement en continuant à marcher, c’est cette image du marchand de sommeil qui persistait. Cet étal de sommeils que l’on pourrait choisir à sa guise : celui qui te fait planer haut, loin, dans une buée sonore évanescente ou un bon gros sommeil lourd, pâteux, près du sol, imprégné de fragrances tout aussi encombrantes que généreuses.
Sur l’étal , un sommeil qui décolle, recolle, qui ne s’encombre pas d’épisodes , de suites. Un sommeil qui malaxe, brouille tout, offre du nouveau, repart, revient.
Mais puisque le sommeil occupe déjà un tiers de notre vie, cela signifie qu’à soixante ans un individu a déjà vécu endormi 20 ans !
Non pas à paresser comme le suggérait Lafargue, le neveu de Marx, mais bien à dormir, à rien faire pour la société !
Il fallait tout de même se hâter un peu. C’est aujourd’hui que la proposition de loi allait être discutée à l’assemblée autour d’une claire question. Puisque qu’un individu social allait passer 20 années de sa vie à dormir et à encombrer des espaces sociaux importants, il ne restait que deux choix possibles. Le vote porterait sur cela.
Soit il suffisait de laisser dormir la personne d’un coup pendant 20 ans, tous les individus dans des nurseries géantes et ensuite les réveiller pour qu’ils assument non-stop leur vie sociale sans pause et sans enfance vécue.
Soit on les laisseraient vivre 10 ans puis l’étape d’un premier sommeil de 10 ans succéderait à cette première enfance supprimant ainsi les inconvénients de l’adolescence . Ensuite pendant 50 ans non stop l’individu social assurerait sa vie pour redormir ensuite pendant 10 ans de sommeil ininterrompu avant, parfois, un bref réveil avant la fin de vie.
Ce vote difficile sur les 20 ans de sommeil fractionné ou non, allait probablement provoquer des débats houleux et beaucoup auront certainement besoin de prendre l’air parfois mais tout le monde semblait d’accord sur ce point : 20 ans à dormir mais à quoi cela sert-il ???? L’heure est grave. Il fallait vraiment prendre une décision.
Jocelyne Morawiak