Revue Causette avril 2022

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Revue Causette avril 2022

ÉDITO Le hasard veut que le mois dernier, Causette vous parlait du rôle (colossal) des femmes dans l’accueil des réfugié·es en France. Nous étions allées dans le Jura, à Calais, à Grande-Synthe ou encore à Vitry pour constater que, dans 80 % des cas, ce sont des femmes qui encadrent, aident et prennent soin, le plus souvent, d’hommes migrants. Le 24 février, le monde a basculé. La Russie a envahi l’Ukraine et plongé l’humanité entière dans la sidération. Très vite, les Ukrainiens, mais surtout les Ukrainiennes, ont fui leur pays, direction sauve qui peut. Cette fois, ce sont les femmes et les enfants qui ont été condamné·es à migrer, les hommes étant sommés de ne pas quitter le territoire. Et c’est l’Europe entière (à part Éric Zemmour) qui leur a ouvert les bras. Cette fois, l’élan solidaire est non genré. Et massif. À la hauteur de l’émotion suscitée par cette invasion aussi absurde qu’intolérable. Au-delà du fait que cela interroge sur une empathie à géométrie (et géographie) variable – nombre d’exilé·es africain·es, afghan·es, syrien·nes… dorment toujours dans la rue –, on ne peut que saluer cette forêt de mains tendues. Dès les premiers jours de la guerre, les Français·es se sont mobilisé·es. Collectes en tout genre, envois de matériel médical, dons d’argent. Ils et elles ont aussi été tout de suite très nombreux·euses à proposer d’ouvrir leurs maisons. Alors Causette est remontée sur son cheval, ou plutôt dans le train, pour aller à la rencontre, à travers l’Hexagone, de celles et ceux qui, collectivement ou indi- viduellement, ont accueilli les réfugié·es. D’apparts en gymnases, de maisons en hôtels, nous y avons entendu le récit de celles et ceux dont la vie a chaviré du jour au lendemain, et qui ont trouvé refuge en France. Pour combien de temps ? Nul ne le sait à ce stade. Espérons simplement que la solidarité ne s’essoufflera pas avec les jours qui passent. Et que, quand la sidération s’estompera, les femmes ne seront pas seules, une fois de plus, à prendre soin de l’autre dans la durée.