Revue Causette décembre 2021

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Revue Causette décembre 2021

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Revue Causette décembre 2021
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ÉDITO

« Je n’ai jamais eu honte. J’ai évidemment subi la réprobation. Mais j’ai davantage souffert du silence autour de mon avortement. À l’époque, donc en 1964, je ne pouvais en parler à personne. Pas même à ma meilleure amie. Mon mari le savait, mais on n’en parlait pas. Après la sortie de mon livre, en 2000, les femmes qui avaient subi une IVG ne voulaient pas témoigner, elles souhaitaient tirer un trait. L’amnésie. Or il est impossible d’oublier. […] Une immense solitude enveloppe les femmes qui avortent. » Voilà ce que disait Annie Ernaux dans une interview parue dans L’Humanité en 2014.
Bien sûr, son expérience à elle fut clandestine et elle mit sa vie en danger pour y parvenir. Pour autant, plus de cinquante ans plus tard, le silence et la solitude qui entourent le recours à l’avortement n’ont pas beaucoup changé. Vous qui avez pratiqué une IVG, si vous y réfléchissez bien, en avez-vous déjà parlé librement avec vos ami·es ? Avec votre partenaire ? Votre famille ? Votre employeur, la fois où vous avez dû prendre un jour de congé pour aller à votre rendez-vous médical ? Probablement pas.

C’est un tort de notre part. Car il n’y a pas de honte à avorter. Pas de raison de garder cette information secrète. Nous ne sommes pas fautives quand nous devons y avoir recours. Nous n’avons pas commis de faute quand nous sommes enceintes. Nous ne sommes pas coupables de posséder un utérus et que celui-ci se remplisse parfois contre notre volonté. Mille raisons peuvent expliquer qu’un ovule soit fécondé. Capote qui craque, pilule qui ne marche pas, insécurité émotionnelle par rapport à un partenaire ou viol, dans le pire des cas.
Mais il n’est pas ici question de se justifier de quoi que ce soit. Nous n’avons pas à nous justifier. Nous, femmes, avons depuis trop longtemps intégré le processus même de silenciation autour de l’avortement. Le secret doit être levé. C’est pourquoi, avec le Planning familial, nous lançons à partir d’aujourd’hui sur les réseaux sociaux le hashtag #OuiJaiAvorté. Pour que la parole se libère. Treize personnalités l’ont fait dans le dossier que vous découvrirez dans ce numéro. À notre tour, suivons le mouvement.
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